Dans la Rome ancienne, le printemps débute le 5 février (Nonis Februariis ou Nones de Février). C’est pour les Romains un moment de purification et d’expiation de toutes les offenses qu’ils ont commises envers les dieux. A cette occasion, les maisons sont traditionnellement nettoyées. Après avoir balayé les pièces intérieures, on les asperge de sel et de blé. C’est ce rite de la purification (februa) qui est à l’origine du mot « Février ». Le quinzième jour avant les Ides de Mars (ante diem quintum decimum Idus Martias), qui équivaut au 15 février pour nous, les Romains fêtent les Lupercales, en l’honneur du dieu Faunus.
Défenseur des troupeaux et de leur fécondité, Faunus s’attaque aussi aux loups, d’où son surnom de Lupercus (lupus signifiant « loup » en latin).
La fête se déroule près de la grotte du Lupercal sur le Palatin où, selon la légende, la fameuse louve a allaité Romulus et Remus (la grotte a été retrouvée en 2007, au-dessous du palais d’Auguste).
Cette fête comprend trois temps forts :
• Les sacrifices : les Luperques sont 12 prêtres liés au culte de Faunus Lupercus, issus des cinq plus anciennes familles aristocratiques descendantes des fondateurs de Rome. Après avoir immolé des chèvres, des boucs et un chien, on conduit deux jeunes patriciens devant l’autel. Le prêtre menant le rituel touche leur front avec le couteau sanglant et les essuie avec des tampons de laine trempés dans du lait. Cette mise en scène imite un sacrifice, qui devait se faire dans les temps primitifs de Rome ; le lait symbolise la renaissance. Après quoi les jeunes gens doivent éclater de rire, afin de manifester leur bonheur d’accéder à une vie nouvelle.
• La course des Luperques : puis les deux jeunes gens lancent une course à travers la ville. Après avoir fait le tour du mont Palatin pour purifier l’ancien site, ils se dirigent vers la ville en riant et en buvant. Les luperques, à demi-nus et couverts seulement de la peau des chèvres sacrifiées, frappent tous ceux qu’ils rencontrent avec des lanières de peau de chèvre. Les femmes se placent d’elles-mêmes sur la trajectoire des coups afin d’être rendues fertiles. Les femmes enceintes, pensant s’éviter ainsi les douleurs de l’enfantement, s’offrent également aux fouets. On dit aussi que les coups de lanières facilitent la montée de lait.
• Un grand banquet final : la grande course terminée, le banquet se met en place. Avant le banquet, chaque jeune fille inscrit son nom sur un parchemin qu’elle dépose dans une grande jarre, puis, chaque jeune garçon tire au sort le nom de la jeune fille qui doit rester avec lui pendant tout ce banquet. Parfois, les jeunes gens finissent par se marier. Cette tradition est dédiée à Junon, déesse du mariage, chargée de protéger la sainteté du mariage et de présider aux accouchements.
MAIS POURQUOI LES LUPERQUES COURENT-ILS NUS ???
Faunus a gardé en mémoire sa mésaventure avec Omphale, la belle reine de Lydie !
À cette époque, Hercule est l’esclave de la reine, mais aussi son amant. Elle l’oblige à porter des vêtements féminins tandis qu’elle revêt la peau de lion du héros.
Une nuit, Faunus, qui a aperçu la reine, la veille, au milieu des vignes et en est tombé amoureux, s’introduit discrètement dans leur chambre : il souhaite enlever Omphale pendant son sommeil …
Quand il arrive au pied du lit, tâtonnant dans l’obscurité, il entend un léger bruissement de soie : sûr de lui, il se glisse sous les couvertures et caresse… la jambe poilue d’Hercule ! Le pauvre Faunus est projeté de l’autre côté de la pièce d’un violent coup de pied alors qu’Omphale se moque de lui !
Depuis ce jour, Faunus déteste les vêtements et exige que ses fidèles procèdent nus aux rites destinés à l’honorer…